Avec la réussite de la grève générale et une participation populaire record (7.000 manifestants), les habitants de Zarzis ont tenu à envoyer un message fort aux responsables du gouvernement, tout en mettant l’accent sur l’importance de la mise en place d’une politique de développement dans l’île pour faire face à la migration clandestine.
Une grève générale a été observée, hier, dans toute la délégation de Zarzis (Gouvernorat de Médenine) à l’initiative de l’Union locale du travail, la société civile et les habitants de la région.
Placée sous le slogan «Zarzis veut connaître la vérité», les protestataires ont revendiqué le droit de savoir les circonstances de l’enterrement des disparus du naufrage d’un bateau de migration irrégulière dans le cimetière des étrangers sans recourir à la médecine légale ou aux familles pour identifier les corps.
Au cours de cette journée, toute la ville a été fermée et une participation populaire record des habitants de Zarzis a été enregistrée, a indiqué à l’agence TAP le SG de l’Union locale du travail, Hedi Hamidi, estimant à 7 mille le nombre des participants à la marche pacifique de protestation.
Avec la réussite populaire de la grève, les habitants de Zarzis ont tenu à envoyer un message fort aux responsables du gouvernement mettant l’accent sur l’importance de la mise en place d’une politique de développement dans l’île pour faire face à la migration clandestine, selon la même source.
De son côté, le président de l’Association des pêcheurs, Chamseddine Bourassine, a invité le Président de la République et le ministre de l’Intérieur à venir à l’île pour assister et approfondir l’enquête relative aux circonstances du drame des enfants de Zarzis.
A noter que la tenue de la grève a coïncidé avec l’enterrement du sixième corps des disparus du naufrage d’une embarcation de migration clandestine qui avait quitté Zarzis dans la nuit entre le 21 et 22 septembre 2022, avec à bord 18 personnes. Tout contact avec le bateau avait été perdu une demi-heure seulement après son départ.
Saied ordonne une « enquête approfondie »
Le Président de la République, Kaïs Saïed, a souligné la nécessité « d’approfondir davantage l’enquête sur le naufrage d’une embarcation au large de Zarzis (gouvernorat de Médenine), ainsi que sur d’autres incidents, d’autant que de multiples preuves font état de l’implication de certaines parties dans la traite des êtres humains », a souligné la présidence de la République dans un communiqué.
Lors d’une réunion au palais de Carthage, avec le ministre de l’Intérieur, Taoufik Charfeddine, et le Directeur général de la Sûreté nationale, Mourad Saïdane, le Chef de l’Etat a souligné l’impératif de poursuivre « les personnes impliquées dans ces drames et ce, en coordination avec le parquet, afin que personne ne bénéficie de l’impunité ».
Sur un autre plan, le Président de la République a souligné, lors de la même rencontre, que « la liberté s’exerce dans le cadre de la loi et qu’il n’y a plus de place pour porter atteinte aux institutions et aux symboles de l’Etat ».
Ces déclarations surviennent sur fond d’un mouvement de protestation organisé par quelques partis et coalitions politiques durant des derniers jours, à Tunis, au cours duquel, les manifestants ont scandé des slogans hostiles aux choix du Président Kaïs Saïed.
Il convient de rappeler qu’un bateau de migrants clandestins avec à bord 18 personnes avait chaviré au large des côtes de Zarzis. Les recherches pour retrouver les corps des victimes se poursuivent encore.
Cet incident a provoqué un climat de tension parmi les habitants de cette région, qui ont vivement critiqué « la carence ainsi que l’incapacité des autorités officielles à intervenir à temps » pour rechercher les victimes de ce drame.
« Un crime envers les familles de Zarzis »
De son côté, le porte-parole du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux, (Ftdes), Romdhan Ben Amor, a estimé que « les autorités locales ont commis un crime envers les familles de la ville de Zarzis, quand ils ont donné l’ordre d’enterrer les corps sans vie non identifiés dans le cimetière des étrangers sans analyse ADN ».
« Quatre corps sans vie figuraient parmi les victimes du naufrage de l’embarcation transportant des migrants irréguliers survenu récemment au niveau des côtes de Zarzis », a-t-il expliqué. Ben Amor a appelé dans une déclaration à la TAP les autorités à ouvrir immédiatement une enquête sur ce drame survenu à Zarzis.
Il a également souligné l’absence d’une approche de l’Etat pour traiter le dossier des migrants irréguliers, mettant en garde à ce propos contre la poursuite de l’adoption des approches sécuritaires seulement.